Olympe était dès sa naissance destinée à être entourée de légendes. Son existence même était un murmure qui s'était peu ébruité puisqu'elle est issue d'une union certes amoureuse mais adultérine.


Victoria de Saxe-Cobourg-Saalfeld possédait une mentalité effectivement trop rigide pour se laisser convaincre par les racontages de quelques servantes païennes. Elle était veuve de son second époux, déjà mère de deux enfants nés d'un premier mariage, mais aussi génitrice de la cinquième personne sur la liste des héritiers du trône d'Angleterre.
Elle était la mère d'Alexandrina Victoria, future reine d'Angleterre.
La petite princesse n'avait qu'aux environs de trois ans quand sa bâtarde de cadette vint au monde. Vivant recluse pour l'éducation de sa royale enfant, la sœur du roi de Belgique avait réussi à dissimuler les signes de sa grossesse indésirée et expulser de son corps l'intrus qui s'y était formé sans que la Cour ne l'apprenne auquel cas, elle aurait sans doute était désavouée et aurait perdu la garde de Victoria. L'allemande Victoria de Saxe-Cobourg aimait passionnément son amant, ancien écuyer de son mari, John Conroy mais ils avaient convenu tous deux qu'une fois l'enfant né, ils ne pourraient le garder.


Ils lui donnèrent le nom d'Olympe Morgana Alexandrina.
Olympe pour sa beauté, car c'est bien la seule chose qui empêcha les deux amants de se séparer de la progéniture maudite qu'elle avait représenté jusqu'ici. Oly possédait déjà à la naissance de grands yeux noisettes et vifs au lieu du regard endormi à la couleur indéfini des autres enfants.
Morgana parce que Conroy prétendait descendre de la lignée du magicien Merlin, bien que ce prestige n'était prouvé que par la présence de quelques sorcières puissantes dans son arbre généalogique. Mais pourtant il avait raison sans vraiment le croire, le sang du légendaire sorcier coulait dans ses veines et se manifestait clairement dans celle de sa fille qui était sans le savoir la plus puissante enfant magique de son siècle.
Alexandrina, parce qu'elle était sœur d'une prétendante au trône d'Angleterre et que sa mère possédait trop de fierté pour ne pas le faire d'une quelconque façon.


Olympe n'était pas mal aimée, au contraire, ses parents la vénéraient presque. Plus elle grandissait, plus son charme la rendait irrésistible à leurs yeux.
Mais elle n'était pas une enfant normale.
Sa croissance ne différait pas des autres bambins de son âge, ses jeux étaient les mêmes que les autres, mais l'environnement qui l'entourait était un concentré de phénomènes étranges. Les bourgeons fleurissaient en hiver, il neigeait en été. Les pleines lunes étaient toujours une épopée, les servantes étaient souvent alertées de ne pas retrouver la petite princesse dans son lit et de la retrouver aux pieds des saules pleureurs de la propriété comme chaque mois.


Olympe était une Psychée, une sorcière très puissante dont le corps attirait et produisait de la magie, mais qui se consumait à petit feu. On ne lui donnait pas plus d'une vingtaine d'années de vie.


Les deux jeunes femmes ne s'étaient que peu rencontrées, mais un fort lien épistolaire les liait. Olympe fut témoin des premiers émois de son aînée pour le prince Albert mais aussi des difficultés que son règne rencontrait.
Au fil du temps Victoria s'épanouissait dans son rôle de souveraine mais comme un écho contraire, la vie d'Olympe s'épuisait irrémédiablement.
La jeune femme rencontra un jour l'un des nobles de la Cour de sa sœur et céda à ses avances. Il pratiquait aussi la magie dans le plus grand secret, ce qui les avait rapproché. Malgré sa mort à venir, Oly parvint à avoir les faveurs de sa sœur pour se marier avec son prétendant en dépit de son statut de bâtarde.


Tout cela n'était qu'illusion.
Olympe s'était découverte enceinte alors que sa vingtième année approchait, que sa magie était plus forte que jamais et sa santé en péril. Ils prirent la décision de tenter l'aventure tout de même mais au solstice de Juin 1841, sa vie bascula. Simon, son mari, l'avait supplié de faire un effort pour se rendre à une réception qui semblait de la plus haute importance chez l'un de ses amis. Olympe était trop faible pour y aller mais usa de ses quelques forces restantes pour répondre au souhait de son mari quitte à user de cette magie, qu'elle aimait et exécrait à la fois, pour y parvenir.


Le XIXème siècle est celui du romantisme, du fantastique mais aussi celui du gothique.
Combien y avaient-ils de secte satanique ou de tout autre religieux sombre ? Combien étaient-ils, eux, les adeptes de la magie noire ? Ils savaient ce que j'étais, bien plus que moi-même à l'époque.
Une Psychée n'est pas faîte pour vivre, mais pour être sacrifiée à sa communauté afin d'augmenter leur pouvoir.


Ce soir là...


L'usage de cette magie autour d'elle, toutes cette négative énergie eut raison de son enfant.
Une vie pour une vie...
Le supplice dura des heures, jusqu'à ce qu'une impression de morsure ne mette fin à tout cela en la plongeant dans l'inconscience.


A son réveil,  elle était assoiffée et provoqua sans aucun doute le plus grand massacre de sa vie. Sa magie était devenue incontrôlable à cause de la soif alors que son humanité s'était envolée.
Cet état de bête sauvage durant plusieurs années avant qu'elle ne parvienne à se contrôler.
Avec le temps, elle découvrit l'espèce vampirique, traversant les guerres et les évolutions de la société. Quand sa sœur mourut en 1901, Olympe était pourchassée par des sorciers et des vampires ayant connaissance de sa nature hybride. Comment une vampire pouvait-elle encore user de l'énergie surnaturelle après sa transformation ? La concernée elle-même n'a pas la réponse. Tout en est que cette magie n'est pas gratuite. Si elle en use trop, Olympe plonge dans un sommeil profond pouvant durer plusieurs mois ce qui la met en état de faiblesse avancé. Son corps demande aussi réparation et sa soif en devient presque insupportable, l'obligeant à boire le plus de sang possible.
Alors elle essaie de ne pas se faire remarquer et de pratiquer le moins possible.
Evidemment, cela ne la dérange pas d'user de quelques sorts simples ou de confectionner ses potions mais elle évite la magie de grande ampleur. La jeune femme entretient les rituels, restant très proche de la nature et partie en Amérique, intéressée par la culture indienne.
C'est ainsi que ses voyages à travers les Etats l'amena à s'établir à Forks en tant que bibliothécaire de la municipalité. Elle s'y trouve bien, goûtant enfin à la paix d'une vie banale et espère préserver cet havre paisible.