J'étais arrivée dans cette ville qu'est Seattle, il y a environ un mois. Et pour être honnête, elle me sortait déjà par les yeux. Trop de monde, trop d'activité; j'aimais bien le calme des petites villes, mais mes enfants en avaient décidé autrement. J'avais effectivement réussit à transformé un garçon et une fille lors du siècle écoulé. Nous avions traversé les Etats-Unis et nous pensions aller nous établir en Alaska; d'ici quelques semaines, mais nous nous posions dans plusieurs ville durant notre trajet pour découvrir les Etats-Unis.
J'avais donc pris sur moi de nous arrêter ici. Je me promenais dans les rues depuis plusieurs heures déjà. La bonne odeur de café sur Jackson Street, puis l'odeur de déchet sur James Street. Dans toutes les villes il y a avait donc des soucis de récupérations des déchets.

Je continuais à avancer et en arrivant à l'entrée d'une petite ruelle je pu sentir non pas la puanteur habituelle, mais bel et bien l'odeur de sang. Je me dirigeais vers cette dernière. Le sang m'attirait toujours autant en cent ans il est vrai, mais jamais je ne pourrais toucher à un humain, jamais, je m'en étais fait le serment dès l'instant où j'avais comprit qui j'étais devenu. Je vois un cadavre un peu plus loin, à l'abri des regards. Pas besoin de me pencher sur lui pour savoir que j'arrivais trop tard, il était mort. A quelques pas devant moi, je vois un homme, enfin deux, non le deuxième est un vampire, je sens son odeur si particulière. Il a agrippé le premier contre le mur et est entrain de boire son sang. J'arrive derrière lui et pose ma main sur son épaule et tout doucement je lui demande :

-Arrête, ne le tue pas, tu peux t'arrêter à temps!

Je ne savais rien de cet homme, mais j'avais foi en l'humanité ça avait toujours été le cas et j’espérais bien avoir vu juste aujourd'hui encore.

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Seattle est mon terrain de chasse depuis quatre années maintenant. Je n'y habite pas non. Chasser dans la ville même où l'on habite, j'ai appris au fil des années que ce n'était vraiment pas le meilleur moyen de passer inaperçu. La populace se méfie quand le loup semble habiter la bergerie. Cependant, Seattle est une ville assez grande pour qu'une disparition ne semble qu'être une disparition de plus, entre fugues d'adolescents, divorces difficiles et autres accidents inexpliqués.

Bref, ce soir, j'ai une faim de loup, et je n'ai qu'à peine attendu que le soleil ne se couche pour sortir en quête d'un repas convenable. On est vendredi, le meilleur jour de la semaine pour chasser, surtout dans les quartiers habituellement fréquentés par les jeunes. Les étudiants, un met de choix, autant pour leur jeunesse et la presque pureté de leur sang (si on oublie les relents d'alcool et de cigarette qu'on peut y trouver, yeurk) que pour leur provenance parfois lointaine. On a plus que le temps de s'arranger de leur cadavre avant que leur disparition ne soit remarquée, les parents et l'université se renvoyant la balle de "qui l'a vu en dernier" pendant des jours avant que l'un des deux ne songe à appeler les flics.

Tout ça pour dire que ma première victime ne m'a pas vu venir, et était morte avant d'avoir seulement réalisé que je l'avais attrapé. Moins affamé, mais pas totalement rassasié tout de même, je prend plus de temps à trouver le second, m'amusant presque avec la nourriture en le laissant trouver son partenaire et avoir la peur de sa vie avant que je ne l'attrape, le précipitant contre le mur voisin avant de planter mes crocs dans sa gorge, m'abreuvant du liquide vermillon qui s'écoule de sa plaie. Oh, je pourrais lui déchirer proprement la gorge, l'achevant tout de suite, mais après le repas rapide que j'ai fait avec le premier, j'ai un peu de temps à perdre, et rien à faire de ma soirée.

Occupé à me rassasier, je n'ai franchement pas eu la concentration à surveiller mes arrières, et le soubresaut qui me prend lorsque je sens un contact sur mon épaule n'est pas feint. Je tâche d'abord de l'ignorer, mettant de coté cette envie d'expliquer à l'autre, clairement vampire, que ce territoire est mien et qu'il lui faudra chasser ailleurs, pour continuer mon repas, jusqu'à ce que sa voix ne parvienne à mes oreilles.

J'éloigne mes crocs de ma proie, la gardant tout de même bien serrée contre le mur d'une main posée autour de sa gorge, mes doigts se pressant sur sa plaie afin de ne pas gaspiller la nourriture.

"J'ai pompé une bonne moitié de son sang. Mon venin coule dans ses veines. Il est condamné, alors laisse moi lui accorder la miséricorde de le finir."

Je retourne à mon diner jusqu'à ce que la sensation d'un regard sur moi me donne la nausée. Et je relâche l'homme qui s'écrase au sol, déjà à moitié mort. J'aime pas avoir de spectateurs, ça me coupe l'appétit.

"Si tu veux te faire plaisir. J'ai plus faim."

Je la regarde un instant, alors que j'essuie d'une main le sang qui borde mes lèvres. Une vampire pour sur, mais ses yeux... ils sont des plus bizarres. Étrange comme couleur. Ça lui va pas mal il faut dire. Mais étrange tout de même.

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Il m'explique que son venin est déjà en lui et qu'il doit en finir avec sa vie pour ne pas qu'il souffre. Transformer quelqu'un ou le bouffer? Entre les deux mon cœur balance. Je ne saurais dire ce qui est le mieux. Je n'ai pas pour habitude de juger les hommes et je ne vais pas commencer maintenant. Je me recule et un pincement me prend lorsque je vois l'homme tomber par terre, sans vie. Il n'a plus soif, il me laisse la place ? Il est sérieux là? Il a pas du tout écouté ce que je viens de dire enfaites.

- Non merci, ça ne m'intéresse pas, je laisse ça aux autres.

Je ne voulais pas être moralisatrice, mais je voulais aussi tenter de lui montrer qu'il y avait d'autres choix de vie possible, d'autres façons de survivre dans ce monde qu'est le notre.

- Personnellement, je bois du sang animal et cela me convient très bien.

Je m'avance vers lui. Je ne quitte pas ses yeux rouges du regard. Je ne sais pas vraiment comment abordé les choses. Je n'ai pas eu de modèle, personne pour m'expliquer les choses, je n'ai aucun modèle sur lequel m'appuyer. Je m'attends à tout moment à ce qu'il m'envoie bouler, mais je dois tout de même essayer.

- Tu ne serais pas à intéresser par le fait de ne pas tuer d'humains? Tu aurais enfin le loisir de te nourrir à volonté, sans jamais plus enlevé d'enfant à leur mère ou d'époux à leur femme?

Je mets mes mains dans mes poches, tentant de garder un air décontracté, cool. Pas sûre que ça marche, on verra bien!

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Et bien laisse ça aux autres si ça te chante, ça m'en fera plus pour moi. Et j'aurai peut-être moins envie de te signifier que ce terrain de chasse est déjà occupé. Aussi ravissante puisse-tu être. Je hausse les épaules avant de commencer à m'éloigner, considérant n'avoir plus rien à faire dans le quartier. Si, à la limite, dissimuler les reliefs de mon repas, mais ça peut attendre.
Ses paroles, concernant sa propre alimentation, me tirent un sourire amusé alors que je me retourne vers elle, pensant la trouver sarcastique. Seulement, elle semble sérieuse. Si ça c'est bien ma veine. Quand ce ne sont pas les végans qui fracassent les boucheries pour interdire aux humains de manger du bœuf, ce sont les vampires qui se mettent à refuser de manger des humains...

"J'en suis heureux pour toi. Bonne soirée."

J'incline légèrement du chef avant de m'éloigner de nouveau, peu désireux d'avoir droit au discours d'une extrémiste convaincue. Ou du moins essayer de m'éloigner, parce que je dois bien avouer que ses yeux dorés sont plutôt fascinants. Et voilà le discours moralisateur que j'attendais. Je me retiens de lever les yeux aux ciels, ayant au moins la délicatesse de la laisser finir sans l'interrompre, tout en croisant mes bras sur ma poitrine.

"Pour commencer, j'fais pas dans les gosses. Ensuite, la race humaine se débrouille très bien toute seule pour causer ses propres pertes. Nous ne faisons que profiter du repas. Enfin, je te retourne la question. Aucun remord à priver Bambi de sa mère?"

Si c'est vicieux comme question? Peut-être. Qui n'a pas pleuré devant ce dessin animé - initialement prévu pour les enfants précisons le -, je vous le demande.

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