Le jour n’était pas encore levé et j’avais déjà quitté la maison dans le but de ne pas croiser Jasper. Il était vraiment difficile pour moi de me retrouver dans les mêmes murs que lui depuis ces quelques jours et je pense même que le plus difficile pour moi était surtout de le sentir dans cette maison. A cet instant, il m’arrive de regretter d’être devenue un vampire. Souffrir c’est déjà quelques choses car la blessure n’est pas simple à cet instant précis, mais bien profonde. Vous savez, quand vous aimez éperdument quelqu’un et que ce sentiment d’amour infini et ronger par une souffrance extrême, vous avez l’impression que vous imploser, que plus rien n’est sous contrôler. Moi, la véritable maniaque du contrôle, la perfectionniste de l’âme... j’étais perdue…

Tournoyant dans le lit, de droite à gauche j’en vins à me lever brutalement, envoyant valser les couvertures au plein cœur de la chambre. Attrapant rapidement mes affaires de sport et mes baskets, il était temps pour moi d’affronter tous les dangers et de foncer droit dans la forêt sans même réfléchir à quelconque direction. A cet instant précis, la perte de contrôle était devenue mon plus grand ami. Plus rien ne m’inquiétait à vrai dire. A toute vitesse, je fonçais à travers le terrain, laissant mes pensées imaginer les moindres scènes possibles entre Jane et Jasper. La rage montait alors de plus en plus, prêt à exploser, envoyer promener tout ce qui pouvait se mettre en travers de mon chemin, puis après bien quelques heures de défoulement, je finis par rebrousser chemin, rentrant les nerfs vidés à la maison pour me préparer. A vrai dire, je pense que ce qui allait suivre m’effrayer quelque peu : ma journée avec Edward. Non pas que j’ai peur de mon frère mais surtout peur de ce qu’il aurait pu découvrir. J’avais à la fois besoin de lui parler, de lui raconter tout ce que j’avais sur le cœur, de pouvoir m’extérioriser et trouver le réconfort auprès de quelqu’un qui essayera de se mettre à ma place. Mais d’un autre côté, j’avais peur de sa réaction, peur qu’il découvre tout de lui-même grâce à son don, peur qu’il pense que j’ai souhaité lui cacher quelque chose d’important… Peur qu’il pense que je ne lui fais pas confiance.

(…) Secouant la tête, je passais un dernier coup de peigne dans mes cheveux, contemplant le résultat dans le miroir de la salle de bain, assez fière du résultat obtenu. Un peu de rouge à lèvres, le sac à main sur l’épaule je m’apprête à monter dans ma voiture en direction du centre commercial. Notre point de rendez-vous. Il arrivait que de temps à autre, nous ne nous retrouvions rien que tous les deux, afin de nous raconter nos vies, nos peines, nos joies, nos confidences... Des moments que je ne remplacerai pour rien au monde. Installée alors au volant de ma voiture, sur le parking devant le grand établissement, je pianote un message à mon frère lui indiquant ma position : « Ed’ d’amour, je suis arrivée, je t’attends sur le parking… Position habituelle. Pleins de bisous, à toute suite <3 ». Un dernier coup d’œil dans le rétroviseur, redressant les lunettes de soleil pour remarquer l’état de mes yeux, prête à camoufler le moindre signe. Une fois satisfaite, je replaçai alors les lunettes devant mes yeux, attendant patiemment son arrivée.