Des gens d'une même famille, d'un même groupe social, d'une même ethnie qui ne sortaient le nez dehors que lorsque le temps est maussade ? Jack, arrivé à Forks n'était pas passé inaperçu. En pleine nuit, il arriva avec un camion plein de vieilleries, d'antiquités, des statues grecques, des tableaux XIXe, des meubles Louis XV et surtout des violons qui fendaient l'air à en réveiller les morts. Sur le chemin, il avait rencontré des étudiants, à moitié hilares, à moitié bourrés. Il avait fait connaissance et avait réquisitionné des bras pour emménager. Une petite ville, là où les rumeurs sont libres de se disperser. Tranquille mais jeune. Il eut rapidement vent de ces lycéens, isolés et trop bons pour le petit peuple. Et Jack reconnaissait parfaitement ce comportement. Comment ne pas ? Il s'était renseigné. Les Cullens vivaient en autarcie dans une villa, au milieu des bois. Google Map se chargea de trouver leur adresse.

Pendant des jours, Jack hésita. Ce n'était certainement pas à lui d'aller saluer ses voisins. Mais il ignorait quelles étaient les mœurs de ces gens. Valait-il peut-être mieux aller à leur rencontre ? Oui. Non. Sans doute. Peut-être pas. Il avait rageusement lancé son pinceau au sol et s'était pris les cheveux dans les mains. Pourquoi était-il incapable de résoudre ce genre de question ? Puis il regarda son pinceau brisé un long moment. Soupira. Et alla le ranger. Nettoyer la tâche de peinture au sol. Il irait parce qu'il était incapable de faire taire sa curiosité.

Un soir, il enfila un long manteau, ses lentilles bleues, pris son portable et activa le GPS. Il marcha longtemps avant de trouver la route. Il traversa le petit sentier de terre et aperçut les grandes baies vitrées de la villa. Il devrait peut-être faire demi-tour. Ceux-là pourraient être plus belliqueux qu'il ne le pensait. Mais la curiosité, toujours. Tant pis. Jack se pensait assez fort pour se défendre. Assez malin pour se sortir de trop fâcheuses situations. Assez honnête pour attirer la sympathie de ces gens. Ou pas. C'était stupide.

Comme il ne vit pas de voiture, rien, il songea qu'il n'y avait personne. Mais ses talents surnaturels lui murmuraient le contraire. Il songea que ce serait peut-être bien de faire le tour. Son inconscient lui hurlait de partir. La villa était nichée dans une partie très boisée et Jack, sans faire attention à ce qu'il se passait autour, observait chaque feuille, chaque carré de mousse et chaque ride d'écorce. A en oublier les Cullens. Finalement, il refit le tour. Fureta d'un côté, de l'autre. De là où il était, il ne voyait pas à travers les fenêtres. Alors il entreprit d'approcher doucement. C'était une mauvaise idée. Il le savait. Il le savait par avance.